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Alimentation animale : la géopolitique bien présente à l’AG de la Fefac

Pedro Cordero, président de la Fefac, et Silvio Ferrari, président de l’association italienne Assalzoo, ont choisi d’organiser l’AG de la Fefac à Rome, cette année, à l’occasion des 80 ans de l’Assalzoo, un de ses membres fondateurs.

Réunis en AG à Rome, jeudi 29 mai, les fabricants européens d’aliments pour animaux se sont alarmés des incertitudes géopolitiques sur leur métier. La guerre en Ukraine, les taxes douanières américaines, les mesures européennes de rétorsion ainsi que l’application de la règlementation sur la non-déforestation importée perturbent le travail d’anticipation nécessaire des acheteurs.

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Alors que les filières alimentaires espéraient être épargnées par les mesures de rétorsion européennes préparées en réponse à l’augmentation annoncée des tarifs douaniers américains, il n’en est rien : d’ici le 14 juillet, maïs américain, corn gluten feed, additifs (comme certains anticoccidiens) pourraient être taxés fortement, et le soja suivrait au 1er décembre, expliquent les experts de la Fefac, la Fédération européenne des fabricants d’aliments composés, qui tenait son assemblée générale, jeudi 29 mai, à Rome.

« Combien les importateurs seront-ils taxés demain ? »

L’Union européenne a suspendu l’entrée en application de ces taxes mais rien n’est sûr pour la suite. Or « notre métier est d’anticiper pour pouvoir lisser les hausses comme les baisses. Comment voulez-vous acheter à un importateur qui ne sait pas combien il sera taxé demain ? », souligne Nicolas Coudry-Mesny, vice-président de la Fefac, lui-même acheteur chez Soal.

Rien n’est certain non plus du côté des volumes exportés par l’Ukraine, explique Ted Swinkels, président du Coceral : « Les fermiers ukrainiens parviennent à produire et à exporter, mais les infrastructures portuaires subissent une centaine d’attaques russes par mois et ne tiendront peut-être pas. »

La Chine prête à se passer du soja américain ?

Autre incertitude géopolitique, la guerre commerciale sino-américaine pourrait avoir un effet indirect sur les flux européens d’importations. Car l’empire du Milieu se prépare à se passer du soja américain et de ses taxes, en reportant ses achats vers les fournisseurs historiques de l’Europe que sont le Brésil et l’Argentine, quitte à les assécher.

Pour mémoire, le Brésil produit annuellement 112 Mt de graines de soja et la Chine en achète de l’ordre de 112 Mt par an. L’Union européenne serait donc obligée de compenser en achetant davantage de soja surtaxé aux États-Unis.

La déforestation importée

« Enfin, les modalités d’application de la règlementation européenne sur la non-déforestation importée, la RDUE, ne sont pas encore précisément connues, alors que l’application a déjà été reportée de fin décembre 2024 à fin décembre 2025 », constate Pedro Cordero, président de la Fefac.

« Certains pays n’ont pas désigné l’autorité de contrôle et d’autres n’ont pas encore précisé leurs positions. Nous risquons des distorsions de concurrence et nous incitons nos membres à clarifier les choses chacun dans leur pays », poursuit-il. La France a éclairci sa position en organisant pour les professionnels un webinaire le 27 mai dernier.

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